L’Algérie va accueillir dans quelques jours le CHAN 2023 entendu comme le Championnat d’Afrique des nations de Football, qui regroupen principalement des joueurs évoluant sur le continent. Précédemment en 2022, le Cameroun et le Qatar ont abrités respectivement la Coupe d’Afrique et la coupe du monde de football qui sont des évènements sportifs internationaux de grandes envergures. Même si on peut avoir à redire sur la communication faite autour de ce dernier évènement au Qatar, on peut tout de même noter que l’aspect environnemental une fois de plus n’est pas suffisamment pris en compte.
Coupe du monde Qatar 2022,plus de 220 Milliards de dollar d’investissement : Un divertissement trop chère dans un monde en crise ?
On estime le coût de la coupe du monde de football au Qatar a environ 220 milliards de dollars (soit environ 212 milliards d’euros). À titre de comparaison, c’est 14 fois plus que le coût de l’organisation de la Coupe du monde au Brésil en 2014 – la deuxième plus chère de l’histoire – et 95 fois plus que celui de la Coupe du monde en France en 1998 ! Ces montants, exprimés en dollars courants, n’intègrent, certes, pas l’inflation, mais même après avoir tenu compte de l’augmentation du niveau général des prix, le coût de l’organisation de la Coupe au monde au Qatar demeure plus de 12 fois plus élevé que celui de la Coupe du monde au Brésil (équivalent à environ 17,4 milliards de dollars de 2022 après prise en compte d’un taux d’inflation mondial moyen).
Au-delà du spectacle, une occasion de fédérer autour des valeurs humaine et environnementale
Au-delà du spectacle que constitue la rencontre sportive en tant que telle, les grands évènements sportifs internationaux jouent un rôle particulier au sein des pays d’accueil. Ils représentent une vitrine pour le pays hôte et participent ainsi à son rayonnement à l’international. Par la mobilisation du public et l’engouement qu’ils suscitent, ils invitent à la mixité sociale et renforce la solidarité nationale et internationale. Pouvant être considéré comme un modèle d’organisation, ils peuvent façonner durablement les comportements et les habitudes tant des spectateurs, des étrangers que des partenaires, contribuant ainsi à faire évoluer la norme sociale ; surtout que leurs retombées positives et leur héritage peuvent être considérables et durables. Prenons l’exemple du civisme incroyable des supporters japonais durant la coupe du monde 2022 au Qatar. On les a vu dans un élan de solidarité, de fairplay formidable, nettoyés les stades même lorsque le Japon ne jouait pas. Pour être durables justement, l’organisation doit pouvoir tenir compte et protéger notre « bien public international » qu’est « l’environnement » en s’appuyant sur des modèles reproductibles.
La gestion écoresponsable des infrastructures sportive et des déchets supplémentaires
En effet, Le sport comme toute activité humaine, a un impact environnemental qui peut être évité, limité ou compensé. Pour le cas d’espèce, ces compétions vont drainer un grand nombre de personnes et d’activités supplémentaires, ce qui ne sera pas sans conséquences sur notre environnement, notamment par la construction des infrastructures, la production supplémentaire des déchets, des nuisances sonores, du stress, de la pollution de l’air et la consommation d’énergie…
Il faut dire que la gestion rationnelle des infrastructures et des déchets reste un véritable défi pour nos villes, alors nous nous interrogeons sur le dispositif (un plan de gestion environnemental par exemple) qui a été mis sur pied par nos autorités camerounaise par exemple pour juguler, tout au moins réduire l’empreinte écologique de ces compétitions en terme de production des déchets ? Quelles stratégies ont été prises par les OSC de défense de l’environnement pour participer à leur manière à la préservation de l’environnement dans les villes hôtes de ces compétitions ?
L’impact Carbone de l’organisation de la coupe du monde de football Qatar 2022.
Très généralement, la construction des infrastructures sportives rendues nécessaires pour l’organisation de grandes compétitions comme la coupe d’Afrique ou la Coupe du monde nécessite d’important investissement et s’accompagne d’impacts environnementaux important. Par exemple, 7 stades sur les 8 utilisés au cours de cette Coupe du monde Qatar 2022, ont été construits spécialement pour l’occasion. Et seuls 3 d’entre eux ne seront pas démantelés à l’issue de la compétition… Au Cameroun dans le cadre de l’organisation de la coupe d’Afrique de football 2021, 4 nouveaux stades ont été construit et autant réfectionner. Un des stades comme celui d’Olembé n’aura servi qu’à un seul match depuis lors.
La Fédération internationale de football (FIFA) estimait, en 2021, que la Coupe du monde au Qatar allait générer 3,63 millions de tonnes de dioxyde de carbone. Bien que jugé trop faible par plusieurs ONG, ce chiffre représente déjà la moitié des émissions annuelles de dioxyde de carbone d’un pays comme la Lettonie. Or la réalité semble encore plus dramatique. Selon les estimations réalisées par l’application Greenly l’empreinte carbone de l’évènement avoisinerait plus de 6 millions de tonnes de CO2. L’ONG Carbon market watch estime l’empreinte carbone de cet évènement à environ 18 millions de tonnes de CO2.
La gestion des déchets et de la pollution pendant une compétition sportive
Nous disions tantôt que ces compétions engendrent une production de déchets et une consommation énergétique inhabituelle du fait des millions de personnes qui visitent leurs sites à cette occasion. Au sujet de la gestion des déchets, le contexte était tout particulier à la coupe d’Afrique 2021 au Cameroun en raison des contraintes sanitaires dues à la COVID19, l’utilisation des masques étaient de mise mais quel est le sort réservé à ces masques après usage ? Aucun dispositif n’avait été pris à cet effet.
Pae exemple, au cours de la CHAN 2021 tenue au Cameroun, Nous avons estimé que la densité démographique dans les grandes villes pendant la compétition était d’environ 10 millions de personnes ; supposons que chaque personne utilise deux masques jetables de 3g par jour ; au bout d’une semaine de compétition, nous aurions environ 210 tonnes de déchets supplémentaires à gérer, ce qui va contribuer à augmenter la pression sur la gestion intégrée des déchets qui n’est déjà pas optimale dans nos villes.
La gestion environnementale des compétitions sportive : Une éco-conception étendue sur 3 périodes.
Même si on peut distinguer trois phases d’impact environnemental d’une manifestation sportive : l’avant, le pendant et l’après, on ne le dira jamais assez, L’impact est concentré dans le temps et l’espace, On peut éventuellement le compenser. Il convient néanmoins d’adopter des mesures liées aux transports, ou des initiatives liées à la consommation (par exemple en recyclant les Emballages vendus avec les boissons sur les sites). En ce qui concerne les infrastructures sportives, il devient impératif d’adopter un modèle d’éco-conception des stades. Ces derniers peuvent être modulable, démontable ou pouvant servir à plusieurs discipline sportive, activités sociales ou commerciales. On aurait bien voulu voir un stade à l’issus de la CAN 2021 au Cameroun devenir un centre commercial, un parc d’attraction, un complexe universitaire etc. et non croupir dans l’abandon comme ce fut le cas de ces images choquantes ayant fait le tour du monde montrant des stades construits pour la CAN 2017 au Gabon.
Finalement, le succès environnemental d’un événement sportif dépend beaucoup plus de sa planification avant et après que de son déroulement pendant la manifestation elle-même, et chaque partie prenante doit assumer ses responsabilités. Une organisation éco-responsable des compétitions sportive telle que les coupes d’Afrique ou du monde de football devrait être une conditionnalité préalable à la réussite de ces évènements gigantesques. Par exemple, un seuil d’émission carbone pourrait être exigé avant d’attribuer l’organisation de la compétition à un ou plusieurs pays hôte. La FIFA et la CAF devraient accroître ses efforts à former ses responsables sur le sujet et de s’engager davantage sur les questions de management environnemental et de développement durable.