Le Cameroun est un Pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Depuis la première décennie du 3ème millénaire, le pays rencontre d’importantes crises qui freinent la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). Le Cameroun doit faire face à des problèmes liés aux changements climatiques, aux troubles civils continus dans les régions anglophones, et des problèmes persistants d’insécurité transfrontalière avec la continuité des activités terroristes de la secte Boko-haram ou encore des crises socio-politique dans les pays voisins (RCA, Tchad). Globalement 6/10 régions du pays sont en crise. L’assemblée générale SAFA de février 2020 identifiait distinctement 3 grandes zones d’action humanitaire prioritaire (ZAHUP) : La zone 1 dénommée ENA constituée des régions de l’Extrême-nord, du Nord et de l’Adamaoua. La zone 2 NOSO constituée des deux régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest. Et la zone 3 constitué de la région de l’Est principalement. Dans cet article, il s’agit de présenter succinctement la partie septentrionale du Cameroun:la zone 1 ENA.
ENA le septentrion camerounais : administration et caractéristiques géophysique
Après l’indépendance du Cameroun, le septentrion constitue une seule grande province qui est alors appelée la province du Nord. Après le découpage administratif des années 1980, cette grande province du Nord est découpée en 3 provinces que sont l’Adamaoua (ayant pour chef-lieu la ville de Ngaoundéré), l’Extrême-Nord (la ville de Maroua) et le Nord (la ville de Garoua). Cette zone 1 qui regroupe les 3 régions septentrionales du Cameroun couvre 164 054 km2 environ près de 60% du territoire national. Le septentrion camerounais est un territoire très cosmopolite, frontalier à l’ouest avec le Nigéria ; à l’est avec la République centrafricaine ; au nord et nord-est avec le Tchad.
Relief et hydrographie: Contraste entre château d’eau et cours d’eau saisonnier
Comprise entre les hauts plateaux de l’Adamaoua et les monts Mandara de l’extrême-nord et le bassin de la Bénoué région du Nord au milieu. La zone connait une hydrographie très variée. L’Adamaoua est parfois appelé le « château d’eau » du Cameroun, puisqu’un grand nombre de fleuves du pays prennent source dans cette région (Vina, djerem, kim, Lom, Mayo deo, Mbam). Le fleuve le plus important de ces régions est le fleuve Bénoué (1400 km situé dans la région du Nord) affluant du fleuve Niger. Le nord et l’extrême-nord se caractérise également par de nombreux cours d’eau saisonniers appelés mayo.
climat de la zone septentrionale camerounaise: Du type guinéen au sahélien, avec le Soudano en facteur
Le climat varie entre les types soudano-guinéen (Adamaoua), soudanien (au nord) et soudano-sahélien (Extrême-nord) avec des températures très élevées en tenant une maximale moyenne dépassant 36 degrés par jour. Et une pluviométrie comprise entre 2000 et 500 mm décroissant selon la latitude du sud vers le nord.
Démographie des régions septentrionales du Cameroun
Depuis plus de 30 ans, l’Extrême-nord était la région la plus peuplée du pays (source BUCREP, Bureau Central des Recensements et des Etudes de Population). Néanmoins, Parmi les régions septentrionales du Cameroun, Ngaoundéré est l’une des villes avec la plus forte croissance à cause de sa situation charnière entre le grand Nord et le grand Sud. Elle représente aussi un point de terminus de la ligne de chemin de fer national (Transcamerounais) partant de la capitale Yaoundé.
REGIONS | POPULATION |
Extrême-nord | 3 480 414 habitants |
Nord | 2 050 229 habitants |
Adamaoua | 1 015 622 habitants |
Activités économique dans les régions septentrionales
L’économie de ces régions n’est pas très diversifiée. On y retrouve quand même des activités variées, notamment dans le secteur agricole (cultures de rente et vivrières), l’élevage, l’industrie, le tourisme et le commerce. Toutefois, l’agriculture et l’élevage occupent une place importante dans les activités économiques de ces populations septentrionales. Mais cependant, elle reste majoritairement artisanale
La particularité Socio-culturelle du septentrion camerounais
Les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-nord sont peuplées majoritairement par des peuples nomades. Les peuls représentent 60% de la population aux cotés de peuples autochtones et sédentaire comme les Gbaya, les Massa, les Dourou, les Kotoko, etc. Les langues locales sénégambiennes comme le fufuldé et l’haoussa y sont très présente à côté du français (langue officielle). L’islam est la religion dominante dans les régions de l’Adamaoua et du Nord, notamment au sein de l’ethnie Peul. Beaucoup d’autre d’ethnies par contre conservent cependant des traditions animistes, particulièrement dans les montagnes près de la frontière nigériane.
La zone septentrionale ENA du Cameroun : siège de crises sécuritaire, climatique, alimentaire et sanitaire.
La détérioration importante du contexte socioéconomique et sécuritaire a augmenté l’insécurité alimentaire, la malnutrition et la vulnérabilité aux épidémies. Ainsi, entre 2017 et 2020 ; 1,2 million de personnes ont été ciblées dans les trois (03) régions prioritaires: l’Extrême-Nord, Nord et Adamaoua par la coordination des affaires humanitaire des Nations Unies OCHA au Cameroun supervisé par Nachat Rochdi. On estime en 2022, environ 3 millions de personnes menacées de famine dans ces régions septentrionales du Cameroun.
Le pesant impact des réfugiés et déplacés dans la crise humanitaire globale dans la zone septentrionale ENA du Cameroun.
Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés HCR, le Cameroun compterait près de 450.000 réfugiés sur son territoire avec des centaines de milliers de déplacés plus ou moins répertoriés. La seule région de l’extrême-nord compterait plus 320.000 déplacés. Le Nord et l’Adamaoua environ plus de 387 000 déplacés internes (RADEC 2017). En plus de la crise sécuritaire on observe la crise climatique, le Cameroun est le deuxième pays le plus touché par la crise du lac Tchad après le Nigéria.
L’arrivée de milliers de réfugiés dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord a augmenté la crise humanitaire dans le septentrion du Cameroun. La pression sur les communautés hôtes est accentuée. Cette situation en plus de l’insécurité, a accru les vulnérabilités des populations à travers la diminution des capacités d’adaptation et du manque d’accès aux services de base (santé, éducation, eau etc.).