La Région de l’Adamaoua au Cameroun est une région située entre les 6e et 8e degrés de latitude nord et entre les 10e et 16e degrés de longitude est. Elle s’étend sur environ 62 000 km2, à des altitudes comprises entre 900 et 1 500 mètres. Son climat est de type soudano-guinéen d’altitude La température moyenne annuelle est de 29 °C (Bring, 1999). La région est la troisième en superficie sur les 10 régions que compte que le Cameroun. La ville de Ngaoundéré est le chef-lieu de l’Adamaoua. Cette région très cosmopolite est frontalière à l’ouest avec le Nigéria, et à l’est avec la République centrafricaine ; une très forte communauté tchadienne y réside également venant des régions septentrionales du nord et de l’extrême-nord frontalière au Tchad.
Avec les conflits armées dans certains pays voisins, l’insécurité transfrontalière et les tensions dans certaines régions du pays ; le Cameroun connait ces dernières années une trajectoire migratoire orientée vers certaines zones dont l’Adamaoua fait partie (confère carte SAFA 2020). La région de l’Adamaoua connait un afflux massif de populations déplacés et réfugiés (notons que le HCR dispose de 2 camps de réfugiés dans cette région). Certains venants du nord et de l’extrême-nord fuyant l’insécurité avec les exactions terroristes de boko-haram. D’autres venants de l’Est suite aux différentes crises sociopolitique en République centrafricaine. Et enfin une partie de la population camerounaise des régions du NOSO fuyant les tensions sécuritaire liées aux insurrections sécessionnistes en cours dans ces régions.
La carte suivante essaye de décrire l’ensemble des trajectoires migratoires des populations fuyant les zones transfrontalières et les régions en crise vers la région de l’Adamaoua et les zones à l’intérieur du pays.
Organisation administrative
La région de l’Adamaoua au Cameroun est divisé administrativement en cinq départements : Vina, Mbéré, Djérem, Mayo-Banyo et Faro-Déo ; dotés chacune d’au moins une commune d’arrondissement.
Département | Chef-lieu | Superficie (km²) | Population (données 2008) |
VINA | Ngaoundéré | 17 196 | 357 427 |
MBERE | Meiganga | 14 267 | 185 473 |
MAYO-BANYO | Banyo | 8 520 | 134 902 |
FARO ET DEO | Tignère | 10 435 | 66 442 |
DJEREM | Tibati | 13 283 | 89 382 |
La région compterait environ plus 1, 700,000 habitants selon les enquêtes de l’institut national de la statistique INS 2020.
L’aspect socio-économique
L’économie de la région est diversifiée et regorge d’énormes potentialités et atouts. On y retrouve des activités très variées, notamment dans le secteur agricole (cultures de rente et vivrières), l’élevage, l’industrie, le tourisme et le commerce. Toutefois, l’agriculture et l’élevage occupent une place importante dans les activités économiques de la population du bassin. Mais cependant, elle reste majoritairement artisanale.
La population/ démographie
La région de l’Adamaoua est peuplée de façon parsemée. Ngaoundéré est l’une des villes du Cameroun à la plus forte croissance à cause de sa situation charnière entre le grand Nord et le grand Sud. Elle représente aussi un point de terminus de la ligne de chemin de fer national (Transcamerounais) partant de la capitale Yaoundé.
La région est peuplée majoritairement par les peuples Gbaya (faisant partie des peuples autochtones et sédentaire), les peuls représente 60% de la population (beaucoup plus nomade). Les langues locales sénégambiennes comme le fufuldé et l’haoussa y sont très présente à côté du français (langue officielle).
L’islam est la religion dominante de la région de l’Adamaoua, notamment au sein de l’ethnie Peul. Beaucoup d’ethnies conservent cependant des traditions animistes, particulièrement dans les montagnes près de la frontière nigériane
Situation de l’emploi
Les données des rapports monographiques réalisés par l’INS sur la base des enquêtes ECAM IV révèlent que le taux d’emploi de la population active varie comme suit dans le septentrion:
- 54,71 % dans la région de l’Adamaoua,
- 79,2 % dans la région du Nord
- 82,2 % dans la région de l’Extrême-Nord.
Ces taux sont inégalement répartis dans les départements et communes de la région.
Les principaux problèmes sociaux économique
Le principal problème socioéconomique de la région est la crise perpétrée par le groupe terroriste Boko Haram dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord et par les prises d’otages dans la région de l’Adamaoua. Cette crise, en plus du ralentissement économique, occasionne de nombreux déplacements des populations, soit 387 000 déplacés internes dans la région du Nord (RADEC 2017). De plus, la région, comme le reste du territoire national, fait face à la période post coronavirus et à ses répercussions socioéconomiques. Ceci ajouté actuellement à la crise financière internationale et à l’inflation galopante.
Sur le plan éducatif
Malgré les multiples efforts de l’Etat et des acteurs de la société civile, la région de l’Adamaoua continue d’être une zone d’éducation prioritaire (ZEP). Bien que la région soit dotée d’une université d’Etat à Ngaoundéré avec des annexes à Meiganga et dans d’autres localités voisines ; de nombreux établissements primaires, secondaires publics et privés. Un aspect troublant transparaît davantage avec les données relatives au taux d’achèvement du cursus par les élèves de ces régions. Dans un rapport d’analyse des données de la carte scolaire dressé par le Minedub, ce taux est évalué à 66,7% dans les ZEP entre 2015 et 2016. Moins que les autres régions du pays qui enregistrent 81,8%. Là encore, les garçons achèvent leur cursus, contrairement aux filles. Ce constat s’étend aux ZEP où 55,6% des filles vont au bout de leurs études, contre 77,8% des garçons. La situation est plus critique dans l’Adamaoua et l’Extrême-Nord qui présentent 51,2% et 53,4% d’écolières qui ne finissent pas leur cursus.
Concernant les multiples facteurs handicapants la scolarisation des enfants et des jeunes de la région, il y’a la pauvreté et principalement la situation liée au fait que la plupart de ces apprenants n’ont pas le matériel didactique. A cela s’ajoute un problème d’inadéquation entre l’offre scolaire (qualité et quantité des établissements) et les effectifs scolarisés, comme l’indique le graphique suivant issu du programme d’appui à la réforme de l’éducation au Cameroun (PAREC).
Données statistiques de l’éducation primaire
Entre 2016 et 2020, on note une légère évolution dans les effectifs des élèves dans les zones d’éducation prioritaires, à l’exception de la région de l’Adamaoua qui a connu une très forte évolution en 2018 – 2019 avant de redescendre en 2019 – 2020.
Données statistiques sur l’enseignement secondaire
La population scolarisable au niveau des enseignements secondaires est estimée à environ 209351 personnes dans la région de l’Adamaoua selon l’étude du PAREC 2019.
Régions | Filles | Garçons | Total |
Adamaoua/Adamawa | 105 447 | 103 904 | 209 351 |
Centre/ Centre | 342 941 | 335 005 | 677 946 |
Est/East | 65 280 | 65 860 | 131 140 |
Extrême Nord/Far North | 320 683 | 334 521 | 655 204 |
Littoral/ Littoral | 265 164 | 255 726 | 520 890 |
Nord/North | 196 216 | 194 038 | 390 254 |
Nord-Ouest/North West | 190 049 | 190 950 | 380 999 |
Ouest/West | 176 804 | 177 617 | 354 421 |
Sud/South | 55 036 | 58 898 | 113 934 |
Sud-Ouest/South West | 133 746 | 136 705 | 270 451 |
National | 1 851 366 | 1 853 224 | 3 704 590 |
DEPARTEMENTS | Public | Privé Catholique | Privé Islamique | Privé Laïc | Privé Protestant | Total |
CAMEROUN | 2688 | 206 | 33 | 966 | 94 | 3987 |
ADAMAOUA | 120 | 3 | 4 | 15 | 1 | 143 |
CENTRE | 485 | 55 | 2 | 374 | 13 | 929 |
EST | 159 | 10 | 3 | 12 | 1 | 185 |
EXTREME NORD | 345 | 4 | 6 | 10 | 4 | 369 |
LITTORAL | 194 | 32 | 238 | 9 | 473 | |
NORD | 179 | 5 | 6 | 15 | 1 | 206 |
NORD OUEST | 396 | 30 | 9 | 85 | 24 | 544 |
OUEST | 358 | 33 | 2 | 102 | 13 | 508 |
SUD | 193 | 13 | 15 | 7 | 228 | |
SUD OUEST | 259 | 21 | 1 | 100 | 21 | 402 |
Cartographie et données statistique scolaire dans les départements de la région de l’Adamaoua
DEPARTEMENTS | Public | Privé Catholique | Privé Islamique | Privé Laïc | Privé Protestant | Total |
ADAMAOUA | 120 | 3 | 4 | 15 | 1 | 143 |
DJEREM | 17 | 1 | 18 | |||
FARO ET DEO | 14 | 14 | ||||
MAYO BANYO | 19 | 1 | 20 | |||
MBERE | 23 | 1 | 24 | |||
VINA (Ngaoundéré) | 47 | 2 | 3 | 14 | 1 | 67 |
DEPARTEMENTS | Aires de jeux | Clôture | Eau potable | Electricité | Connexion Internet | Internat |
ADAMAOUA | 56 | 17 | 84 | 52 | 21 | 3 |
DJEREM | 7 | 0 | 11 | 6 | 2 | 0 |
FARO ET DEO | 4 | 1 | 6 | 3 | 1 | 0 |
MAYO BANYO | 9 | 0 | 13 | 7 | 2 | 0 |
MBERE | 5 | 0 | 12 | 6 | 1 | 0 |
VINA (Ngaoundéré) | 31 | 16 | 42 | 30 | 15 | 3 |
DEPARTEMENTS | Aires de jeux | Clôture | Eau potable | Electricité | Connexion Internet | Internat |
ADAMAOUA | 40 | 3 | 64 | 30 | 11 | 4 |
DJEREM | 7 | 0 | 10 | 5 | 2 | 0 |
FARO ET DEO | 4 | 1 | 6 | 3 | 1 | 1 |
MAYO BANYO | 8 | 0 | 12 | 6 | 2 | 1 |
MBERE | 5 | 0 | 11 | 5 | 1 | 1 |
VINA (Ngaoundéré) | 16 | 2 | 25 | 11 | 5 | 1 |
Nous observons à la lecture de différent rapports sur les zones d’éducation prioritaires (ZEP) au Cameroun que parmis les problemes existant en ZEP figure l’absence et/ou l’insuffisance des matériels didactiques dans les établissements scolaires. Mais cependant, les données statistiques liées à ce facteur restent encore à consolider.