• Auteur/autrice de la publication :William DONFOUET TSAFACK

1-Introduction :

De nos jours, la plupart des enfants passent leur enfance enfermée dans leurs maisons et écoles. Les mères ainsi que les enfants passent souvent leur temps, piégés par la technologie moderne. Le lien avec la nature disparaît lentement de la vie humaine. La pollution environnementale et l’ignorance environnementale persistent au sein de notre société. La croissance urbaine élimine les espaces verts et l’environnement naturel. Des familles n’appliquent pas les habitudes environnementales dans leurs maisons. Les valeurs de protection de l’environnement ne sont pas prodiguées. Comment les mères devraient-elles améliorer l’instruction et l’éducation environnementale de leurs progénitures? Face à ces constats, il y a lieu de s’inquiéter et par conséquent d’engager une prise de conscience générale avec l’adoption d’une culture environnementale responsable au sein de notre société dans laquelle la mère occupe une place essentielle.

2- Qu’est-ce que l’éducation environnementale ?

L’éducation environnementale est un processus d’orientation des comportements vers la préservation de l’environnement. Elle pourrait être définie comme un enseignement sur les interactions entre l’individu et son environnement en intégrant sciences naturelles, science humaine et sociale dans le but d’améliorer la compréhension sur notre milieu de vie. L’enseignement environnemental contribue à une meilleure intellection des interdépendances socioéconomiques, culturelles et éthiques et de ce fait permet d’adopter des gestes responsables. En fait, il s’agit de refaçonner et de maintenir ce lien traditionnel entre les Hommes et leurs environnements naturels. C’est à ce titre que le rôle des mères est primordial dans l’éducation environnementale.

L’éducation environnementale et au développement durable.

L’environnement est un pilier du développement durable. L’éducation environnementale et au développement durable concourent à l’éducation globale à partir des enjeux écologique, socioéconomique et culturels. La communauté internationale aujourd’hui met l’accent à encourager la volonté d’agir et d’améliorer la compétence des êtres humains à gérer respectueusement les ressources naturelles. C’est à ce titre que de nombreuses organisations telle que l’association Sustainable Act From Africa ( SAFA) œuvrent sur le chantier de la solidarité internationale. A travers des programmes de sensibilisation comme le « café environnement », initiative de l’organisation Terre à terre Bénin qui contribue à  cette action d’éducation environnementale auprès du grand public et notamment des femmes.

3- La femme et la mère dans la société.

L’on dit très souvent que la femme est la mère de l’humanité. On observe toute l’importance de la mère aussi bien dans l’acte de donner la vie que dans celui de l’éducation environnementale. Elle contribue à pérenniser notre espèce et à préserver l’harmonie dans la société.

L’environnement intra-utérin, le début de la vie humaine :

L’utérus de la femme est le premier environnement dans lequel l’être humain grandit. La femme est le maillon central dans le processus de pérennisation de notre espèce. Sa principale responsabilité est de garder l’environnement utérin propre et exempt des effets négatifs et mortels des substances intoxicantes et des drogues. Son grand rôle est de prendre soin du fœtus et lui donner une alimentation saine et équilibrée pendant la grossesse. Après la naissance c’est encore la mère qui devra être au premier plan de l’instruction et de l’éducation environnementale de l’enfant.

La femme dans la famille :

La femme aujourd’hui tente de concilier vie professionnelle et vie familiale en plus de sa responsabilité naturelle de transmettre et d’entretenir la vie. Elle est au centre des comportements de prévention dans l’entité familiale et dans la construction de la structure sociétale. Les mères garantissent les responsabilités de santé et d’éducation dans la famille à travers les activités de vaccination par exemple, la nutrition, le ménage, l’encadrement des enfants,etc. En plus de cela, les mères sont également amenées à assurer l’éducation environnementale au sein de la famille.

4- L’importance de la mère dans le développement de la conscience environnementale chez l’enfant.

Après avoir fait preuve de fécondité et de soins. La femme agit sur l’éducation des enfants notamment sur l’aspect affectif et moral. C’est le second point principal du rôle de la femme dans notre société. Sachant que la psychologie fondamentale de l’enfant se construit dans la période de ses 0 à 7 ans. Âge au cours duquel l’enfant avant d’aller à l’école est principalement aux côté de sa maman. il devient un peu plus claire de voir toute l’ampleur de la dimension psychologique de la mère sur l’enfant. Ainsi, pour construire une meilleure conscience environnementale chez les enfants et de façon générale sur les générations à venir il faudrait accentuer le rôle des mères dans l’éducation environnementale.

– Construire la conscience écologique du jeune individu.

Il est nécessaire que les enfants soient conscients des causes de perturbations de l’environnement, et de leurs impact sur les humains. Il est important que l’éducation commence et s’achève toujours à la maison. Qu’elle se fasse par la conversation et en utilisant l’expérience familiale dans le domaine de la protection de l’environnement. L’on doit dès le bas âge habituer l’enfant à la sensibilité et aux interactions avec la nature. Si l’enfant n’a pas la possibilité de jouer en plein air, de creuser dans le sol. De découvrir les araignées, les insectes, les oiseaux et les plantes, il sera moins susceptible à l’âge adulte, d’explorer, de respecter et de protéger la nature. La mère doit aider l’enfant à construire un sens des responsabilités envers l’environnement et la société. L’action de la mère dans l’éducation environnementale va au-delà de la prise de conscience. Il devient un engagement permanent à construire des écogestes dans l’esprit de l’enfant.

– La psychologie environnementale chez l’enfant: un encadrement permanent.

La psychologie environnementale a démontrée qu’aucun enfant n’a maitrisé l’art de l’hygiène par lui-même. Mais plutôt, l’acquisition de cette compétence est venue après des efforts acharnés des parents au sein de l’unité familiale. L’enfant apprendra à comment se brosser les dents, à se laver les mains, à prendre ses bains quotidien, à manger sainement, etc. C’est alors avec l’encadrement de la mère que se bâtira le processus d’acquisition des compétences d’hygiène, de sécurité et d’environnement chez le jeune individu. Il s’agit d’un mécanisme intrinsèque de transmissions de savoir-faire dont généralement la femme est vecteur. Ce qui confirme effectivement de l’impact des mères dans l’éducation environnementale.

5- La femme et la sensibilisation à la préservation de l’environnement.

Le plan d’action de la quatrième conférence mondiale sur les femmes de Pékin en 1995 abordait déjà sur le rôle fondamental des femmes dans l’adoption des modes de consommation. Également, sur les modes production et de gestion des ressources naturelles durables et écologiquement rationnels. Au-delà de la structure familiale, la femme continue de jouer un grand rôle dans la sensibilisation à la préservation environnementale. Dans les villes et les campagnes, les femmes mènent de nombreuses activités (ménagères et/ou professionnelle, petits commerce, des activités agropastorales) génératrice de revenus ou non. Ces activités ont généralement un lien étroit avec la nature. Les femmes n’interviennent pas encore suffisamment à la préservation environnementale et à l’éducation environnementale. En Afrique et au Cameroun en particulier des efforts sont perceptible quant à la scolarisation et à l’autonomisation des femmes. Mais en ce qui concerne l’éducation environnementale l’impact des mères est encore obstrué par de nombreuses difficultés.

sensibilisation des femmes à l’éducation environnementale, session du café environnement mai 2022 à Cotonou. “Terre à terre Bénin”

6- Les obstacles à la participation des femmes à l’éducation environnementale.

Ce n’est pas seulement l’éducation des enfants qui est nécessaire mais aussi celle des parents et notamment des mères. Des nombreux obstacles à la contribution des mères à l’éducation environnementale. L’on peut particulièrement citer: Le désintéressement des femmes en matière d’écologie. L’absence de programmes de sensibilisation et/ou de renforcement de capacités des mères en matière d’éducation environnementale. Et enfin la conjoncture sociale caractérisée par l’aggravation du taux de famille monoparentale.

le manque de financement et la faible implication des institutions publiques dans ce domaine.

Les stratégies et politique en matière de développement durable ne font pas encore suffisamment référence au rôle des femmes en matière d’éducation environnementale. Il existe très peu de projet de sensibilisation ou de renforcement de capacité en éducation environnementale et ciblant notamment les filles et les mères.

Faible connaissance écologique des femmes. Les mères face à leur insuffisance en matière d’éducation environnementale.

Le manque de connaissance sur les problèmes environnementaux est un obstacle à la participation des femmes à l’éducation environnementale. De plus très peu de femmes interrogées sur ce sujet se montre intéressée par ce type d’initiative. Parfois à cela s’ajoute les situations de crises économique, sécuritaire ou les contraintes des activités professionnelles. En ville ou en campagne, on observe que les mères sont peu instruits à l’éducation environnementale.

Conjoncture sociale: prédominance des familles monoparentale.

Le rôle des femmes est encore plus délicat de nos jours. les proportions de familles monoparentales sont croissantes. En France par exemple, plus d’un enfant de parents séparés sur deux voit son père moins d’une fois par mois (Villeneuve-Gokalp 1999). Dans ce cas, La plupart de ces pères ne réclament pas vraiment de prendre leurs enfants chez eux. Ce qu’ils veulent, c’est le libre accès à leurs enfants ainsi que le contrôle de l’éducation donnée par la mère. Chose par ailleurs qui accentue un stress et une pression de responsabilité chez les mères.

7- Conclusion : Quelques idées aux mères, pour une meilleure éducation environnementale.

Acheter moins de jouets. Les enfants n’ont pas besoin d’une tonne de jouets. De plus, il vaut mieux acheter moins de jouets en plastique parce qu’ils sont difficiles à recycler.

Avant tout achat, se demander : « Est-ce que notre famille en a vraiment besoin ? Protéger l’environnement, ça passe aussi par la réduction de la surconsommation Acheter des articles de bonne qualité et les entretenir peut aussi être avantageux. Se demander si un objet peut être réparé avant de le jeter et de le remplacer est également un bon réflexe.

Boire l’eau du robinet. La production de bouteilles d’eau en plastique est polluante et utilise beaucoup d’énergie fossile. Et même si ces bouteilles sont recyclables, elles finissent souvent dans des sites d’enfouissement.

Cuisiner en famille C’est une belle activité à faire en famille. Acheter moins de plats préparés permet aussi de réduire les emballages. Ainsi les mères jouent pleinement leurs rôle dans l’éducation environnementale et la réduction de déchets plastique.

Faire des dessins et des bricolages avec du matériel recyclé : Rouleaux de papier de toilette et d’essuie-tout, feuilles imprimées d’un seul côté, boîtes de carton, plats en aluminium… « Votre bac à recyclage regorge de trésors pour les projets de bricolage de votre enfant. Par exemple l’association SAFA avait initiée en 2019 le programme PAPES-DIDAC destiné à soutenir les établissements scolaire en matériels didactique (ardoises, règles de cours, table-banc, etc.) à base de déchets de bois recyclé. d’autres initiative de ce genre devraient impliquées davantage les mères dans l’éducation environnementale même dans les écoles.

Réduire le gaspillage alimentaire. Lorsque vous jetez moins de nourriture. Vous posez un geste important pour l’environnement et vous économisez de l’argent.

Privilégier la marche ou le vélo. Quand c’est possible utiliser moins l’automobile. Cela est une bonne façon de lutter contre les changements climatiques, car les véhicules personnels causeraient 22 % des émissions de GES (gaz à effet de serre).

Montrer à votre enfant comment identifier tout ce qui peut être recyclé. Placer un petit bac de recyclage dans la cuisine. Par exemple, pour que vos enfants soient capables d’y déposer eux-mêmes les emballages de plastique, le papier, le carton, etc.

Manger moins de viande. L’élevage du bétail a un impact vraiment négatif sur l’environnement.

Utiliser des couches lavables. Pour réduire la grande quantité de couches jetables dans les sites d’enfouissement, acheter des couches réutilisables. L’entretien des couches lavables nécessite beaucoup d’eau et d’énergie.

Lorsque vous jetez moins de nourriture : vous posez un geste important pour l’environnement et vous économisez de l’argent.

Organiser une fête d’enfants sans sacs à surprises : Remplacez les sacs à surprises par une activité de bricolage, ainsi les enfants repartiraient avec leurs œuvres. Mieux vaut aussi éviter la vaisselle jetable.

Consommer des fruits et légumes locaux de saison : La définition et l’impact de « l’achat local » ne font pas l’unanimité. Mais selon des experts, ce serait surtout le fait de consommer des aliments locaux de saison qui serait meilleur pour l’environnement. Et c’est encore mieux s’ils sont issus de l’agriculture biologique.

La sensibilisation et travaux communautaire. Impliquez-vous dans votre communauté ! Participez à des actions d’éducation environnementale du grand public. Vous pourriez, par exemple, participer au nettoyage de votre rue (investissement humain au quartier). Vous impliquez dans un comité de parents…

Donner au suivant. “Une collègue de travail me donne des vêtements qui ne vont plus à son fils et lorsqu’ils sont devenus trop petits pour le mien, je les donne à une autre maman“. Le même principe s’applique pour tous les articles pour enfants en bon état.

Se déplacer en transport collectif. S’il n’y a pas de transport en commun efficace dans votre région, Pensons de plus en plus au covoiturage.

Faites faire des promenades aux enfants. Incitez l’enfant à découvrir, à toucher l’herbe, les pierres, les arbres, à écouter le chant des oiseaux et le vent. Le fait d’être dans l’environnement naturel permet aux enfants de développer leurs capacités d’éveil.

Réservez de l’espace pour un petit jardin. L’enfant va pouvoir observer le cycle de vie des plantes. L’entretien des plantations permettra aux enfants d’acquérir des habitudes de vie saine, proche de la nature. De partager les fruits du travail avec les autres. De réaliser le lien entre l’effort et le résultat, favorisera la continuité. Si vous n’avez pas de jardin, plantez les graines ensemble dans un pot à la maison.

Faire des activités manuelles avec les enfants. Les feuilles mortes, des emballages inutiles, de la paille, une bouteille d’eau minérale en plastique. Un peu d’imagination pour la décoration, et le tour est joué avec votre objet fantaisiste fait maison. Tout ce dont vous avez besoin est plus d’imagination.

Marcher dans la nature : L’enfant développe une attitude positive envers l’environnement. Parlez-lui de chaque animal, oiseau, insecte ou fleur que vous rencontrez. Pendant que vous marchez, montrez lui la spécificité des paysages. Expliquez-lui comment la beauté qu’il voit doit être maintenue propre. Vous pouvez emporter un sac dans lequel vous ramasserez les ordures que vous croiserez invariablement. Votre exemple sera extrêmement puissant non seulement pour l’enfant, mais aussi pour les autres.

Référence :

  • Alexandra ROBERT, Femmes, environnement et développement durable : un lien qui reste à tisser, Essai présenté au Centre Universitaire de Formation en Environnement de l’Université de Sherbrooke, Longueuil, Québec, Canada, mai 2011.
  • Geneviève DAGBEGNON SAVI, ,Femmes fonctionnaires et éducation des enfants à Cotonou, mémoire de Maitrise de Sociologie anthropologie 2009  Université d’Abomey- Calavi (Bénin).
  • Elena CASSIN, pouvoirs de la femme et structures familiales, Revue d’Assyriologie et d’archéologie orientale Vol. 63, No. 2 (1969), pp. 121-148 (28 pages) Published By: Presses Universitaires de France.
  • Sylvie CADOLLE, Charges éducatives et rôle des femmes dans les familles recomposées, Dans Cahiers du Genre 2001/1 (n° 30), pages 27 à 52.
  • Café environnement, une action d’éducation environnementale du grand public, session du 26 Mai 2022, Terre à terre Bénin
  • DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT, Diagnostic de terrain : Le rôle des femmes dans la sauvegarde de l’environnement dans le Caza de Tripoli, FFEM et IEMed, 2018, p.7, https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/8561/diagnostic-terrain-le-role-femmes-dans-protection-environnement-a-tripoli
  • Université de Yale et Université de Columbia, Index de performance environnementale 2018, p. 4,https://epi.envirocenter.yale.edu/downloads/epi2018policymakerssummaryv01.pdf.