• Auteur/autrice de la publication :MEANESSONG Elena & William DONFOUET

De nos jours, nous avons de nombreuses marques de serviettes hygiéniques sur le marché. Un même produit peut se décliner en plusieurs configuration afin d’assurer le meilleur confort des utilisatrices. Malheureusement, cela implique également production de déchets et pollution de l’environnement.Cependant, cela n’a pas toujours été le cas, au Moyen Âge on se promenait sans culotte ni équipement de protection, les jupes suffisaient amplement. Plus tard, les femmes se fabriquaient elles-mêmes des boucliers pendant la période de menstruations en utilisant des matériaux disponibles tels que des bandes de tissu ou de l’écorce molle. Actuellement, Il existe plusieurs produits chimiques qui peuvent être utilisés dans la fabrication de serviettes hygiéniques, notamment :

  • Les adhésifs pour maintenir la serviette en place sur la culotte
  • Les agents nettoyants pour éliminer les bactéries et les odeurs
  • Les agents absorbants pour retenir l’humidité
  • Les agents blanchissants pour donner une apparence plus propre à la serviette
  • Les parfums pour donner une odeur agréable à la serviette

Il n’est tout simplement pas question de retourner au moyen âge mais d’analyser l’impact environnemental et sanitaire des serviettes hygiénique utilisées de nos jours et d’entrevoir des modes de consommation plus écologiques.

Plus de 20 Milliards de serviettes hygiénique utilisées chaque année. Environ 250 000 Tonnes de déchets produit chaque jour

serviette hygiénique jetable avec matière absorbante

A la fin du 19ème siècle, la marque Johnson and Johnson décide de commercialiser les premières serviettes hygiéniques. Ensuite l’on a eu les lingettes de marque Kotex qui était fabriquées à partir de coton utilisé à l’origine pour panser les plaies. C’est là que tout a commencé. Porter une serviette hygiénique ou un tampon pendant les règles est devenu une habitude pratique et hygiénique. La pollution liée à l’usage des serviettes hygiéniques ne cesse d’augmenter avec des produits innovants et tout aussi polluants. L’on estime que c’est pratiquement plus de 20 milliards de tampons qui sont utilisés chaque année. Par ailleurs, en 2018 les Américaines étaient les plus grandes consommatrices de tampons, soit 5,8 milliards de tampons, environ un tiers de la consommation mondiale. La majorité des femmes ayant leurs règles les auront pendant 40 ans en moyenne, saignant environ 5 jours/mois, soit 2400 jours en tout, soit environ 6,5 ans.Il est difficile de donner une quantité exacte de déchets produits par jour à cause de la variabilité des facteurs tels que la population, la fréquence des règles et l’utilisation des différents types de produits. Néanmoins, on estime que l’utilisation moyenne de tampons et serviettes représente 100 à 150 kg de déchets de l’adolescence à la ménopause. Ce qui équivaudrait approximativement aujourd’hui à environs 250 000 Tonnes de déchets produit chaque jour. Un chiffre énorme dont les effets environnementaux peuvent être préoccupants.

400 à 500 ans nécessaires pour la dégradation complète d’une seule serviette hygiénique jetable :

Le temps de décomposition des serviettes hygiéniques utilisées pendant les menstruations dépend de plusieurs facteurs tels que le type de serviette utilisée, les conditions environnementales et les méthodes de gestion des déchets. En général, les serviettes hygiéniques jetables sont fabriquées à partir de matériaux synthétiques tels que le polyéthylène et le polypropylène, qui sont difficiles à décomposer. Selon certaines estimations, il peut prendre jusqu’à 500 ans pour qu’une serviette hygiénique jetable se décompose complètement dans l’environnement. Cette longue période de décomposition des déchets provenant des serviettes hygiéniques jetables laisse clairement envisagée un problème environnemental conséquent. Quels peuvent être alors les impacts de cette pollution sur les écosystèmes ?

Impact des serviettes hygiénique sur les écosystèmes :

pollution liée aux serviettes hygiéniques jetables
Illustration de la pollution des eaux par les déchets des serviettes hygiénique jetables

La pollution environnementale liée à l’utilisation des serviettes hygiéniques pendant les menstruations est un sujet qui mérite davantage d’attention. Les causes de cette pollution découlent principalement de l’utilisation de serviettes hygiéniques non biodégradables et non réutilisables. Les conséquences de cette pratique sont multiples et peuvent avoir des impacts graves sur l’environnement et les écosystèmes. Les serviettes hygiéniques non biodégradables comme on l’a signalé plus haut peuvent mettre des années à se décomposer, ce qui contribue à l’accumulation de déchets dans les décharges et les océans. En outre, l’utilisation de produits chimiques pour la fabrication de serviettes hygiéniques non biodégradables peut causer des pollutions de l’air et de l’eau.

Les protections utilisées durant les règles contiennent des composants chimiques nocifs pour la santé et l’environnement, tels que les pesticides, les produits cancérigènes et des substances telles que le chlore, le glyphosate (interdit en Europe), les phtalates et la dioxine. Ceux-ci se retrouvent dans la nature en raison du manque de traitement adéquat des déchets, qui requiert également des ressources et de l’énergie.

Précarité menstruelle dans certaines régions en Afrique :

La précarité menstruelle est la difficulté ou le manque d’accès aux protections hygiéniques à cause de la pauvreté. C’est une réalité qui touche de nombreuses personnes menstruées. Dans le monde, jusqu’à 500 millions de personnes vivent dans une situation de précarité menstruelle.

La précarité menstruelle est un problème important en Afrique, où l’accès limité à des produits de protection hygiénique adéquats et abordables peut entraîner des retards scolaires pour les filles, une absence de travail pour les femmes et une stigmatisation sociale. Le manque de services sanitaires adéquats et de produits hygiéniques dans les zones rurales et à faible revenu peut également aggraver la situation. Il est nécessaire d’aborder ce problème pour améliorer la qualité de vie des femmes et des filles sur le continent africain.

Il n’y a pas de statistiques uniformes sur la précarité menstruelle en Afrique, mais des études indiquent que :

  • Environ 1 sur 3 des écolières en Afrique subsaharienne n’ont pas accès à des produits hygiéniques adéquats pendant leurs règles.
  • Cela peut entraîner des absentéismes scolaires pouvant aller jusqu’à 20% de l’année scolaire pour les filles.
  • Une étude menée en Ouganda a révélé que les femmes et les filles consacraient en moyenne 10% de leurs revenus à l’achat de produits d’hygiène menstruelle, ce qui peut les pousser à choisir entre la nourriture et les produits d’hygiène.
  • Les femmes et les filles dans les zones rurales et à faible revenu sont plus vulnérables à la précarité menstruelle.

Ces statistiques montrent l’importance d’aborder la précarité menstruelle en Afrique pour améliorer les conditions de vie des femmes et des filles sur le continent.

Quelles solutions écologiques aux serviettes hygiéniques jetables ?

des serviettes hygiéniques réutilisable conçues par des promoteurs en Afrique.
promotion des serviettes hygiéniques réutilisable au Burkina Faso avec la Ministre de l’éducation nationale et de alphabétisation

Pour réduire l’impact écologique lié à l’usage des serviettes hygiéniques jetables, il existe plusieurs solutions parmi lesquelles :

  • Culotte de règles : est une protection périodique  externe et lavable destinée à absorber le flux sanguin des règles.
  • Cup menstruelle : est une alternative aux protections hygiéniques classiques. Elle se présente sous la forme d’un réceptacle en silicone que l’on introduit l’intérieur du vagin pour recueillir le sang menstruel. Souple, malléable, la coupe menstruelle respecte la forme du vagin et s’adapte parfaitement aux mouvements.
  • Serviette périodique lavable ou tampons réutilisable.
  • Flux instinctif libre : C’est une pratique qui consiste à être à l’écoute des signaux de son corps pour libérer le sang menstruel aux toilettes au lieu de le laisser couler dans une protection hygiénique.

Avant tout, il est important de sensibiliser les consommatrices à l’utilisation de serviettes hygiéniques biodégradables et réutilisables. Ces serviettes hygiéniques sont fabriquées à partir de matériaux naturels et peuvent être compostées ou utilisées à plusieurs reprises, réduisant ainsi les déchets. Il est également possible d’utiliser des méthodes alternatives de gestion des menstruations, telles que les coupes menstruelles ou les serviettes lavables. Ces alternatives sont écologiques et économiques à long terme.

Enfin, il est important de rappeler que la pollution liée aux serviettes hygiéniques ne peut être résolue que par une prise de conscience collective et une action commune. Il est donc important de continuer à sensibiliser les consommatrices et les gouvernements à l’importance de prendre des mesures pour réduire cette pollution environnementale.